Dernière étape de notre séjour en Argentine : Ushuaia ! On connaissait bien ce nom avant d’y venir, mais ça nous évoquait plus un gel douche ou une émission de télé que la « ciudad del fin del mundo ». On avait hésité à y passer car beaucoup critiquent cette destination et en reviennent déçus. Et puis on s’est dit que ce serait quand même dommage d’être si près (un peu moins de 1000km de notre précédente étape) et de ne pas aller voir la ville la plus australe du monde. A ce propos, notons qu’il y a débat car Puerto Williams au Chili est 5km plus au sud, mais les Argentins disent que ça compte pour du beurre car c’est une base militaire et scientifique et non une vraie ville. Quoi qu’il en soit, nous, on a bien aimé Ushuaia!
Nous avons passé 4 jours dans une auberge de jeunesse sans grand confort, avec une salle de bains commune qui n’invitait pas à la douche quotidienne. Du coup, ça sentait le lion de mer dans le salon. Mais quand on est au bout du monde, on est prêt à accepter certaines choses Et comme nous a si bien dit un voyageur hollandais rencontré quelques semaines auparavant « Le confort, tu l’as chez toi! ». C’est pas faux.
On avait tous très envie de faire une balade en bateau sur le canal de Beagle pour aller voir les lions de mer (des vrais
), les cormorans, regarder depuis l’eau les belles montagnes enneigées et s’approcher du phare du bout du monde. Il y avait l’embarras du choix sur le port : petite embarcation, catamaran, voilier, gros bateau de 100 personnes… Nous, on a préféré réserver notre tour sur un petit bateau de 10 personnes. Et nous avons été très très heureux de notre choix ! Le guide et le capitaine étaient super sympas et sont entrés sans difficulté dans notre top des gens les plus cool que nous avons rencontrés.
Nous sommes partis 4h en mer avec d’autres touristes espagnols et argentins. Après avoir observé depuis le bateau les lions de mer, les cormorans et bien sûr « le phare des éclaireurs », nous sommes descendus sur une petite île, autrefois habitée par les Yamanas (ils peuplèrent les îles du détroit de Magellan il y a quelques 6 000 ans). Notre guide nous a expliqué que les Yamanas vivaient nus et qu’ils se protégeaient du froid en s’enduisant le corps de graisse de baleine (avis aux amateurs
). Pour se réchauffer, ils veillaient attentivement sur leur feu qu’ils transportaient partout avec eux.
Lorsqu’ils se sont approchés des îles du canal de Beagle, les premiers explorateurs européens, voyant plusieurs colonnes de fumée, ont choisi de baptiser la région « terre de fumée ». Puis, s’apercevant qu’il s’agissait en réalité du feu des Yamanas, ils ont préféré modifier le nom en « terre de feu ». On a bien fait de venir à Ushuaia, on en a appris des choses
Comme on avait tous été très sages sur l’île pendant les explications de notre guide, petit surprise fort appréciée à notre retour sur le bateau : le capitaine nous avait préparé un chouette apéro. Olives, fromage, saucisson et bière pression pour le réveillon ! Ambiance festive en ce 24 décembre à bord du petit bateau « El Che » !
Et pour parfaire cette excursion au bout du monde, le capitaine a proposé aux garçons de prendre la barre sur le chemin du retour. Ils ne se sont pas fait prier, et pour la première fois de leur vie, ont eu la joie de diriger un bateau… sur le canal de Beagle en plus ! Un beau cadeau de Noël dont ils se souviendront certainement longtemps.
Nous avons ensuite passé la soirée en toute simplicité à l’auberge de jeunesse. On a un peu raté le coche pour trouver quelques ingrédients et se concocter un plat de fête (tous les commerces ont fermé très tôt), alors, on a cuisiné des empanadas, bien sûr !
Le matin de Noël, les garçons ont été ravis de voir que le Père Noël avait bien fait un détour par le bout du monde pour leur apporter de petites figurines faciles à transporter dans leur sac à dos de routards
Nous sommes ensuite partis pour la journée passer Noël avec les pingouins. Un vieux rêve pour certains d’entre nous (ou plutôt certaine ). Un rêve tout neuf pour d’autres. Après 2h à bord d’un camion 4×4 sur une piste accidentée, nous avons
embarqué dans un petit zodiac pour l’île des pingouins. Pour ne pas déranger cette colonie de 20 000 individus, seuls 40 touristes par jour sont autorisés à venir leur rendre visite, et par groupe de 20 personnes uniquement.
Ce jour-là, 3 espèces différentes étaient présentes sur l’île. Ils étaient vraiment mignons ces petits pingouins. On aurait pu rester des heures à les regarder se déplacer de façon rigolote, à danser, plonger, chanter, à sortir leur tête de leur nid-terrier où ils gardaient au chaud leur progéniture (nous, on a eu bien froid, mais on n’a pas osé s’inviter dans leur terrier
). Un Noël bien différent cette année, qui restera un excellent souvenir pour nous tous.
Pour notre dernière journée à Ushuaia, on est parti randonner dans le parc de la terre de feu. Une belle balade de 15km sur le sentier côtier, avec de beaux passages en forêts et près des barrages de castors. Au détour du sentier, une jolie crique, et là, surprise ! Le dernier des Yamanas était bien là, en chair et en os… et en slip. Il se baignait dans le canal de Beagle, bravant le froid. Vision totalement décalée. No
us on avait nos coupe-vent, nos bonnets et nos gants et ce touriste était torse nu. Même pas la chair de poule. On est pas tous égaux. Peut-être était-il enduit de graisse de baleine ?
On a également fait une découverte végétale assez surprenante, appelée le « pain de l’indien » (car les Yamanas en mangeaient). Il s’agit d’un champignon orange en forme de boule qui parasite les arbres. Pour se défendre, les troncs et les branches gonflent et forment une sorte de boursouflure, afin d’éjecter ce parasite, ce qui donne aux arbres des formes surprenantes. Il y en avait partout sur le chemin !
La fin de la balade était moins sympa car le sentier rejoignait la route RN3 et ses cars de touristes, débarquant par centaines pour s’immortaliser devant le panneau marquant la fin de la plus grande route au monde (la route panaméricaine), puisqu’elle relie l’Alaska à Ushuaia !
Et pour terminer notre séjour et trinquer à la santé des beaux paysages de l’Argentine découverts durant ces 40 jours, nous sommes allés dîner dans un restaurant qui aurait pu être celui de Bob l’Eponge (quelle belle référence !), tant le « crabe géant » était à l’honneur sur la carte.
Un grand trajet nous attend désormais pour rejoindre l’Ile de Pâques, au milieu du Pacifique, et partir à la rencontre des Moais, ces statues immenses qui veillent sur leur île.