Tanjung Puting National Park (Bornéo)

Depuis Borobudur, noTanjung Puting - vignette 1us avons rejoint Melang à bord de la voiture des adorables propriétaires de notre guethouse, puis nous avons sauté dans un bus local pour Semarang, que nous avons atteint en 2h (un bébé est resté tout le trajet scotché sur nous… on ne devait pas trop faire couleur locale!). Nous y avons passé la nuit, puis avons embarqué à l’aube, dans un avion de la compagnie Kalstar pour Pangkalan Bun, dans la région de Kalimantan, la partie indonésienne de l’île de Bornéo. On craignait un peu de voyager sur une compagnie blacklistée pTanjung Puting - vignette 2ar l’UE (la quasi-totalité des compagnies indonésiennes le sont), mais finalement  on ne s’est pas crashé (vous vous en doutiez, sinon vous ne seriez pas en train de lire cet article ;-) )

A l’aéroport, notre guide nous attendait pour 2 jours et 2 nuits extraordinaires. Nous allions réaliser l’un de nos rêves. C’était un des projets qui nous tenaient vraiment à cœur quand nous avions planifié notre tour du monde : voir les orangs-outans dans leur habitats naturel. Il y a seulement 2 endroits dans le monde où ce rêve peut devenir réalité : Bornéo ou Sumatra. On a choisi Bornéo et le Parc National du Tanjung Puting, où la décoTanjung Puting - vignette 3uverte de ces grands singes n’est possible qu’à bord d’un klotok (petit bateau en bois), qui navigue plusieurs jours durant le long d’une rivière qui sillonne la jungle. On s’est dit que ce serait une expérience rigolote. Et ça a été magique.

Depuis l’aéroport, on a rejoint, avec notre guide, la petite ville de Kumai, située au bord de la rivière, pour embarquer sur un klotok rien que pour nous. A son bord, le capitaine, son jeune assistant et une cuisinière. Une chouette maison flottante pour les 2 jours à venir ! Le bateau n’était pas immense, mais c’était bien suffisant pour notre petite croisière : unTanjung Puting - vignette 4e pièce avec toilettes et un bac d’eau froide pour se doucher, une table et 4 chaises, 2 transats pour observer la nature au fil de la traversée et 4 matelas pour dormir à la belle étoile sur le pont, sous de grandes moustiquaires. Simplicité au rendez-vous pour être en parfaite harmonie avec la nature. On a trouvé l’expérience géniale. Un vrai moment fort de notre grand voyage.

La ville de Kumai en revanche n’est pas terrible. D’horribles immenses bâtiments en béton défigurent cette petite bourgade. Ces dizaines de blocs monstrueux ont été bâtis à la deTanjung Puting - vignette 5mande des Chinois pour abriter les nombreuses hirondelles de la région et pouvoir ainsi facilement récolter leurs nids (un met très apprécié en Chine). Dans la journée, des bandes enregistrées hurlent pour attirer les oiseaux et l’odeur aux abords de ces immeubles est immonde. On ne s’est donc pas attardé, et on est monté bien vite dans le bateau pour partir dès la fin de matinée.

Au mois de juillet, c’est la haute saison touristique en Indonésie. Plusieurs autres klotoks avec des touristes occidentaux partis comme nous, en croisière pour plusieurs jours, naviguaient également sur la Tanjung Puting - vignette 6petite rivière. On a rencontré des touristes indonésiens aussi, mais en balade uniquement pour la journée. Une ambiance rigolote sur la rivière car tout le monde se faisait « coucou » !

Dès les premières heures de navigation, nous avons été happés par toute cette nature qui nous entourait. On devinait la jungle par delà la rivière. On entendaient les cris des animaux sauvages. Et on commençait même à en rencontrer. Ces 2 jours ont été pour nous le Tanjung Puting - vignette 7« festival du singe ». On a vu des macaques de toutes sortes et des dizaines de nasiques, ces singes au gros nez, endémiques de Bornéo. Le premier jour, alors que l’on était en train de déjeuner, notre guide nous a appelés sur l’avant du bateau : un orang-outan grignotait des feuilles dans un arbre près de la rivière ! On était super heureux. Un bon présage pour la suite du séjour. On avait l’espoir de pouvoir approcher les stars du Tanjung Puting !

Le Tanjung Puting est un parc national, un espace protégé dans lequel il est formellement interdit de toucher aux arbres, afin de préserver les orangs-outans. Car malheureusement, l’Indonésie est le plus grand producteur d’huile de palme au monde et la déforestation va bon train pour pouvoir créer tout un tas de plantations de palmiers. Triste conséquence de tout cela, l’orang-outan est aujourd’hui en danger à cause de la destruction massive de son habitat naturel.

Dans le parc, on trouve un centre de recherche sur ces grands singes aux longs poils roux ainsi qu’un site de réhabilitation pour ceux qui ont été blessés et pour les petits retrouvés orphelins, avec toujours comme objectif qu’ils puissent un jour retrouver leur vie sauvage. Pour aider les singes à retrouver leur autonomie, plusieurs plate-formes de nourrissage ont été installées dans lTanjung Puting - vignette 8a forêt. Des soigneurs viennent déposer une ou 2 fois par jours quelques fruits pour ceux qui n’auraient pas réussi à trouver une quantité de nourriture suffisante par eux-mêmes. Ces espaces sont ouverts aux touristes, qui peuvent venir observer en silence et sans interaction, les orangs-outans qui vivent en totale liberté dans le parc. L’observation se fait à plusieurs mètres pour ne pas déranger les animaux. Même si la probabilité est forte, il n’y aucune garantie de voir les orangs-outans. A la saison où les fruits pullulent, ils ne se présentent que rarement sur les plate-formes, mais à la saison sèche, on peut avoir la chance d’en apercevoir quelques uns. Ce qui a été notre cas !

Durant 2 jours, nous avons remonté la rivière pour accéder à 3 plate-formes différentes, situées à environ 30 minutes de marche Tanjung Puting - vignette 9dans la jungle. On a eu le bonheur de pouvoir observer une petite dizaine d’orangs-outans sur chaque plate-forme mais surtout aux alentours de celles-ci, dans la forêt. C’est d’ailleurs là que nous avons pu les approcher le plus. On était même parfois très près d’eux ! Et ils ne faisaient pas prier pour prendre la pose, comme des stars. Trop drôle. Des positions incroyables ! Une souplesse à en faire pâlir les meilleurs contorsionnistes du Cirque du Soleil.

Notre première rencontre fut extrêmement émouvante. On entendait dans la forêt le bruissement des feuilles et le craquement des branches. On a levé la tête, et au loin, on a vu la cime des arbres vaciller et quelques grosTanjung Puting - vignette 10ses boules de poils roux s’approcher. Ils étaient là, devant nous. On n’en croyait pas nos yeux. Ces grands singes avaient vraiment des mimiques d’humain. De leur regard fixe, ils nous dévisageaient aussi.

On a vu des mères avec leur bébé. Très protectrices. Les femelles entre 15 et 35 ans ont en moyenne un petit tous les Tanjung Puting - vignette 118 ans (c’est seulement vers 6 ans que le petit se sentira assez autonome pour quitter sa maman, et les femelles ne s’occupent que d’un seul enfant à la fois). On a vu des jeunes, se chamaillant un peu, se risquant sur la plate-forme pour attraper quelques bananes. On a vu aussi de gros mâles dominants, facilement reconnaissables à leur large disque facial. La forte production d’hormones, qui suit les combats dont ils sortent vainqueurs, fait pousser un disque noir qui entoure leur visage. Quand un mâle dominant arrivait sur la plate-forme, ça ne rigolait plus. Il s’emparait d’autant de nourriture qu’il le pouvait. Un gros Tanjung Puting - vignette 12mâle a ainsi réussi à agripper 3 régimes de bananes en même temps, un dans chaque main et un autre dans un pied ! Et il les tenait bien fort, histoire que personne ne lui pique la moindre miette. Les femelles, craintives, se risquaient sur la plate-forme le plus discrètement possible. Lorsque le mâle les acceptait, elles essayaient d’attraper un peu de nourriture. Mais elles étaient parfois contraintes se contenter uniquement des peaux de bananes trop vite englouties par le gros mâle. Les jeunes, quant à eux restaient souvent à l’écart, en haut d’un arbre, en attendant que le glouton daigne leur laisser un petit quelque chose.Tanjung Puting - vignette 13 Sur la dernière plate-forme, on a beaucoup ri en voyant le manège d’un gibbon particulièrement agile. Posté en haut de son arbre. Il descendait à la vitesse de l’éclair chiper quelques bananes au nez et à la barbe du gros orang-outan occupé à se remplir l’estomac, puis remontait, aussi vite qu’il était descendu, déguster son butin tout en haut, oui, bien haut, histoire qu’on ne le voit pas trop.

On est chaque fois resTanjung Puting - vignette 14té des heures à observer les grands singes. On arrivait souvent les premiers et on était systématiquement les derniers à repartir au bateau. Equipés de jumelles, il était hors de question de rater une miette de ce spectacle qu’on avait tant attendu. Un vieux rêve. Bornéo, au milieu des orangs-outans. Presque irréel de se trouver là. On a vraiment mesuré notre chance et on en a bien profité.

On a passé des moments tTanjung Puting - vignette 15rès forts à observer les orangs-outans. On a aussi passé d’excellents moments dans notre klotok, à naviguer au milieu de la jungle, dans une rivière où il est formellement interdit de se baigner car elle est infestée de crocodiles. En fin de journée, on assistait depuis nos transats à des couchers de soleil incroyables. Des lumières magiques dans le ciel de Bornéo. Et quand le capitaine a décidé le premier soir de s’arrêter sous un arbre peuplé de nasiques, on a eu du mal à aller dîner, tant on était occupé à observer cette espècTanjung Puting - vignette 16e que nous ne pensions jamais pouvoir rencontrer. Dans un arbre, un mâle et une vingtaine de femelles. Sorte de harem, dans lequel il y a eu bien des querelles ! Mais qui se plaindrait d’avoir été réveillé en plein nuit par une dispute de nasiques :-) C’est quand même pas banal !

Après 2 jours et 2 nuits à bord du klotok, il était l’heure de quitter notre guide, le capitaine et la cuisinière. Nous avons paTanjung Puting - vignette 17ssé le reste de la journée dans la ville de Pangkalan Bun, notre avion ne décollant que le lendemain très tôt le matin. Pas grand chose à voir dans cette ville-là, mis à part le mini marché sur pilotis, bien authentique !

Le lendemain matin, nous étions à 5h30 à l’aéroport comme prévu, mais les compagnies indonésiennes locales ont souvent des petits soucis. Le vol pour Jakarta de la veille avait été annulé et comme Kalstar n’avait qu’un avion (!), nous avons dû patienter quelques heures, le temps que celui-ci déposent les passagers dans la capitale puis revienne nous chercher ! Une attente de 4h dans un hall pas très confortable. Mais le temps a plutôt vite passé car nous avons retrouvé Stéphanie et Cris, un couple franco-britannique que nous avions rencontré sur une zone de nourrissage les jours précédents. L’occasion d’échanger sur nos voyages respectifs et d’aborder la question du Brexit avec ce couple mixte !

A peine le temps de réaliser tout ce que nous avions vécu lors de notre séjour dans le Tanjung Puting, si riche en émotions, qu’il était l’heure de se remettre en route pour rejoindre notre dernière grande étape du voyage. Cap sur les îles Karimunjawa maintenant !

Tanjung Puting National Park (cliquez sur une photo pour agrandir)