Pour découvrir Bali, le réseau de transports en commun étant quasi-inexistant, la plupart des touristes se déplacent en scooter pour les petits trajets ou à l’aide d’une voiture avec chauffeur pour aller plus loin. Les routes sont étroites, on conduit à gauche et les voitures sont toutes manuelles donc ce n’est pas évident de prendre le volant pour les Occidentaux. Nous, on a opté pour la location d’une voiture… avec comme chauffeur privé, vous l’aurez deviné : Charlie ! Fort de son expérience à Mario Kart sur Nintendo avant notre départ et après avoir testé sa conduite sur plusieurs routes chaotiques du monde ces derniers mois, c’était l’homme de la situation. On a dégoté un loueur avec lequel nous avons négocié un véhicule pour pas bien cher, puis nous sommes partis pour 10 jours, à bord d’une voiture vert anis toute cabossée datant de 1997, affichant pas moins de 178 000 km au compteur. « Ne vous inquiétez pas, elle roule ! Elle est comme ça car elle a fait 1000 fois le tour de Bali. », nous a dit le loueur en nous passant les clés. Pour nous, ce fut le véhicule parfait pour rouler sans se soucier des petites égratignures éventuelles 
A bord de notre voitu
re-poubelle, nous avons commencé par mettre le cap à l’est d’Ubud, pour 2 nuits à Tirtagangga. Sur le chemin, au cœur de la forêt, nous avons visité l’un des plus vieux temples de l’île construit au XIème siècle, lieu de méditation privilégié des ermites qui s’installaient plusieurs mois dans les niches taillées à même la roche.
Nous avons ensuite posé nos affaires dans une guesthouse en pleine nature. Un petit bungalow en bois, au confort plus que sommaire, habité par une chauve-souris toute mignonne
Sur notre terrasse, une salle de bain en extérieur pourvue d’eau froide et de toilettes à la turc infestées de milliers de fourmis (une expérience assez… spéciale). Mais quelle vue !!! Tout autour de nous, des rizières en terras
ses, des bananiers, des palmiers, des cocotiers, des hibiscus, et en toile de fond s’élevait le Mont Agung, le volcan le plus haut de Bali. Un décor sublime.
Lors de notre petit séjour, nous avons passé une journée à la mer, sur une plage de sable blanc aux marbrures noires. L’eau était chaude, alors on a joué dans les grosses vagues pendant
plusieurs heures. Puis les garçons se sont essayés aux constructions en sable volcanique. Pas mieux pour finir tel Lantier dans « Germinal » ! On a eu bien du mal à se débarrasser de ce sable noir si fin qui collait à la peau 
Le lendemain, avant de reprendre la route, nous avons visité le Water Palace. Dans de jolis jardins, plusieurs bassins ornés de gros nénuphars où barbotaient de belles carpes colorées. Dans l’un d’entre eux, un chemin de dalles permettait de circuler comme si l’on marchait sur l’eau. Les g
arçons ont adoré sauter d’une pierre à l’autre et on traversé mille fois cet espace si rigolo. Et à notre plus grande surprise, personne n’est tombé à l’eau 
Nous avons ensuite rejoint Amed, petit village de pêcheurs sur la côte est de Bali. Nous avons passé 3 nuits dans un bungalow au bord de la plage, avec toujours cette vue magique sur le volcan Agung. L’endroit était fort agréable : très calme, une belle piscine et un bon
petit resto les pieds dans le sable, tenu par un Indonésien adorable surnommé Dédé. Le roi du barbecue balinais. Aucun doute : les meilleures brochettes de poulet mariné et de poisson grillé de tout l’île! Un régal!
La région d’Amed est réputée pour ses spots de snorkeling. Equipés d’un masque et d’un tuba, nous avons passé notre première journée à Jemeluk, une plage de sable noir aux fonds marins superbes. A moins de 50 m du rivage, de grands coraux blancs, jaunes clairs, bleus ou rouges. Et
une faune très abondante. Des bancs de petits poissons noirs, d’autres bien plus gros et colorés, comme ces poissons perroquets ou ces poissons chirurgiens. Nous avons même croisé un serpent de mer, habillé d’élégantes rayures noires et blanches. Et il y avait un petit temple sous l’eau aussi, à quelques mètres de profondeur. Un décor marin qui a vraiment enchanté les petits comme les grands !
Le lendemain, nous avons bravé les vagues et le courant pour parvenir à la nage jusqu’au spot d’une épave japonaise gisant à une dizaine de mètres de fond. Difficile d’explorer le site bien longtemps car la mer n’était pas bonne. Dommage, car c’était encore très poissonneux. Les enfants étaient tout de même ravis d’avoir vu leur première épave. Et cela leur a bien donné envie de plonger avec nous
dès qu’ils en auront l’âge. Pour nous reposer un peu, nous avons terminé la journée à Lipah Beach, magnifique, avec tous ses bateaux de pêcheurs, jolies petites pirogues à balancier alignées le long de la plage. Un triste constat cependant suite à cette journée sur la côte d’Amed : l’eau était extrêmement sale. De trop nombreux sacs plastiques et détritus en tous genres flottaient au milieu des poissons
Dur, dur de voir à quel point notre planète est polluée…
Nous avons ensuite radicalement changé de décor et rejoint pour 3 nuits, Munduk, petit village tranquille niché au cœur de la montagne. Nous avons opté pour une petite chambre dans un « homestay » (séjour chez l’habitant). La terrasse, perchée tout en haut de la maison, offrait une vue à 360° sur la région. Par temps clair, on apercevait même les volcans à l’est de Java !
La famille indonésienne qui tenait cette petite pension était adorable. On a particulièrement sympathisé avec Made, le papi, qui
préparait de merveilleux petits déjeuners balinais. Beignets de bananes à la noix de coco, riz rouge caramélisé et « lak-lak », des petits gâteaux verts à la chlorophylle à base de farine de riz. Surprenant, mais délicieux !
Made nous a donné plein de bons conseils pour notre séjour. On a ainsi fait une belle balade de 4h30 qui débutait dans la forêt pour rejoindre 2 cascades, au cœur des plantations de café et de cacao. Puis le chemin nous a conduit au milieu des rizières. On a adoré ce décor. Vraiment sublime. Beaucoup d’agriculteurs commençaient à travailler au ramassage du riz pendant que leurs enfants, en vacances, jouaient avec
leur cerf-volant. Tout le monde était si souriant. Et même si nous ne parlions pas la même langue, nous avons tenté d’échanger quelques mots, à l’aide d’un peu d’anglais, parfois compris par les plus jeunes.
Le lendemain, toujours sur les conseils de papi Made, on a assisté au festival des « Twin Lakes » qui se tenait pendant une semaine sur les bords du lac Banyan. Nous avons
alors eu la chance d’assister à des courses de canoë endiablées ! Tous les villages alentour avaient monté leur équipe, composée d’une vingtaine d’homme ultra-motivés, certains avec de bonnes têtes de pirates
Au son du gamelan, un orchestre traditionnel de percussions, ça ramait à en perdre haleine. Venus par curiosité, nous sommes finalement restés plus de 2h à parier entre nous sur nos équipes préférées, au milieu des nombreux Indonésiens déchaînés. On était les seuls Occidentaux, alors forcément on nous a pris en photo et on est venu discuter avec nous. Parfois on
nous parlait seulement en indonésien et on ne comprenait rien. Mais tout le monde avait un si grand sourire. On a passé un très bon moment.
Sur le chemin du retour, nous avons garé la voiture et sommes partis dans la forêt à la recherche d’un « éco-café » dont nous avions entendu parler, situé au cœur d’une plantation d’arabica et de robusta. Un café pas comme les autres. Déjà
parce que le cadre était idyllique. Très au calme, en pleine nature. Et puis aussi parce que ce café produisait du « Luwak Kopi » ou « café de civettes » de façon totalement naturelle. Les civettes sont des animaux nocturnes ressemblant un peu à des chats sauvages, qui se nourrissent des fruits du caféiers mais n’en digèrent que la pulpe. Des enzymes contenues dans leurs sucs gastriques débarrassent le grain de son amertume et l’enrichissent d’arômes apparentés au caramel. Il ne reste alors plus qu’à récupérer dans leur petites crottes les grains ainsi « préparés » et procéder à la torréfaction habituelle (après lavage bien sûr!),
pour obtenir un café très apprécié des vrais amateurs. Il s’agirait du café le plus rare et le plus cher au monde ! A l’éco-café, les civettes ne sont pas enfermées dans des cages pour être gavées. Elles se baladent librement dans la plantation, se nourrissent la nuit, puis leurs crottes sont traquées, le matin venu, par un employé. Un métier insoupçonné, qu’on a trouvé bien rigolo 
On a goûté à ce café pas comme les autres préparé à l’aide d’un ustensile que nous ne connaissions pas, digne d
es cours de potions d’Harry Potter. Vraiment très bon, surtout accompagné de « lak-lak » délicieux (on a pris goût aux petits gâteaux verts à base de farine de riz !). Comme nous étions seuls, la propriétaire, adorable, a proposé de nous faire visiter sa plantation. Elle nous a donné tout plein d’explications. Et les enfants étaient super contents de pouvoir nourrir les chèvres aux grandes oreilles utilisées pour l’engrais !
Le lendemain, nous avons quitté Munduk, cette petite bourgade de montagne que nous avons tellement aimée, et avons pris la direction de Jatiluwih, site connu pour ses rizières en terrasses protégées par l’UNESCO. Sur le chemin, on s’est arrêté au Pura Ulun Danu Bratan, un temple situé sur les bords d’un lac. Pas mal, mais pas mémorable non plus. Puis nous avons visité le Pura Luhur Batukaru, et ce temple-ci était réel
lement magnifique. Pas de touristes dans ce coin, mais beaucoup de familles balinaises venues déposer des offrandes. Le temple était caché dans la jungle, à flanc de montagne. Il s’en dégageait une ambiance très zen, où les chant des oiseaux se mêlait joliment aux prières des moines.
Pour entrer, il a fallu montrer pattes blanches car la sélection est drastique ! On est obligé de porter un sarong traditionnel pour la visite (on nous en a donc prêté un). Et on doit aussi remplir pas mal de conditions pour avoir le droit de pénétrer sur le site. Les femmes ne doivent pas être enceintes, elles ne doivent pas non plus être
« indisposées » ce jour-là ou avoir un bébé qui n’aurait pas encore eu sa première dent. Les enfants, quant à eux, doivent avoir déjà perdu une dent. Et ça ne rigole pas. On ne prend pas ça à la légère, croyez-nous ! Hippolyte s’est ainsi fait inspecter la bouche comme une veille mule. Heureusement que la petite souris était passée ces derniers mois, sinon, il restait dehors 
Nous nous sommes ensuite baladés dans les rizières de Jatiluwih. Malheureusement, ce n’était pas la plus belle époque pour voir les champs de riz façon « carte postale », car c’était l’heure de la récolte. Nous avons cep
endant bien apprécié de pouvoir découvrir les différentes techniques utilisées, la plupart très manuelles et non industrialisées. Les agriculteurs étaient très affairés dans les champs pour accomplir ce travail de titans. Certaines femmes, paraissant parfois assez âgées, portaient des charges impressionnantes sur leur tête. Mais comme toujours à Bali, tout le monde avait le sourire.
Après 10 jours à se balader sur l’île avec notre voiture-poubelle, il était déjà l’heure de rentrer sur Ubud pour rendre notre véhicule. Nous y avons passé la nuit puis avons négocié un taxi pour nous rendre le lendemain à Pemuteran, une petite station balnéaire au nord ouest de l’île, notre dernière étape avant de prendre le ferry pour Java.
Nous avons passé nos 3 d
erniers jours à Bali dans un des plus chouettes hôtels de notre voyage. La petite ville de Pemuteran n’a rien d’intéressant en soi, donc nous n’avons eu aucun scrupule à rester la plus grande partie de nos journées à flâner dans le jardin, à barboter dans la très belle piscine à débordement et à papoter avec Fati, la propriétaire française de ce lieu vraiment sympa. Nous avons trouvé là-bas notre « warung » (petit resto) préféré. Totalement perdu sur un chemin de terre, à quelques mètres de l’hôtel, il venait tout juste d’ouvrir et nous étions quasiment les premiers clients. Tenu par une famille d’une extrême gentillesse, nous y avons goûté les meilleurs plats de notre séjour à Bali (à des prix pourtant modiques). Des prod
uits frais cuisinés avec délicatesse, des assiettes préparées avec raffinement. Un vrai petit trésor. Nous y sommes allés chaque jour, accueillis par Putu, le petit garçon de la famille, qui attendait impatiemment ses copains français pour jouer avec eux sur la terrasse, pendant que son papa œuvrait en cuisine.
Nous avons tout de même profité d’être à Pemuteran pour nous offrir une journée de snorkeling à Pulau Menjengan, une réserve marine située sur les bords d’une petite île un peu au large. Le matin, une pluie torrentielle s’abattait sur la côte, si bien que nous avons été fort étonnés d’apprendre que la sortie était maintenue. La mer était agitée pour rejoindre le premier spot de snorkeling, mais après 40 minutes à bord de notre petite embarcation en bois, nous étions ravis de trouver un micro-climat sur le site. Tous les 4 équipés comme des pros de palmes, masques et tubas, et accompagnés d’un guide indonésien, nous nous sommes jetés à l’eau pour une heure de magie sous-mar
ine. Nous avons suivi un tombant plongeant à une dizaine de mètre de fond. Les coraux étaient tous plus beaux les uns que les autres, avec des couleurs magnifiques. Les poissons étaient tellement nombreux que nous ne savions plus où donner de la tête… ou plutôt du masque
De toutes les couleurs, en banc ou plutôt solitaires, il y en avait partout. Des petits, des gros, des très gros. Nous avons même eu la chance de croiser le chemin de 2 tortues. Nous sommes remontés à bord émerveillés. Tout juste le temps de reprendre des forces en avalant un petit repas sur le bateau, et nous étions repartis vers notre deuxième spot. Une heure dans l’eau à nouveau à explorer les fonds marins. Superbes encore une fois. Des étoiles de mer bleues (!), d’énormes étoiles de mer roses, des poissons lunes, des poissons clowns jouant à cache-cache dans leur anémone, des poissons licornes, et tant d’autres encore. Il ne manquait plus que Bob l’éponge pour compléter le tableau 
Lorsque nous sommes remontés sur notre petite barcasse, nous avons dû nous rendre à l’évidence : la météo s’était bien dégradée et la mer était très très agitée. Gloups. Il fallait rentrer et on était pas tout près. A voir la tête du capitaine, on a compris qu’il n’était pas
très à l’aise avec cette idée. Nous avons partagé une heure de calvaire avec nos amis d’un jour, un couple d’Allemands et un couple d’Anglais, si peu rassurés qu’ils ont juré dans leur langue tout le trajet. Chahutée dans des creux de plusieurs mètres, notre petite barque avait du mal à avancer. Le capitaine tentait de garder la face… et le cap. On se serait cru dans le « bateau pirates » d’un parc d’attraction. Autant dire qu’on était bien soulagé d’arriver au port. Un trajet dont on se souviendra longtemps!
Notre séjour à Bali a passé très vite. Nous sommes restés une vingtaine de jours sur cette île, mais l’atmosphère, les paysages et les Balinais nous ont tellement plu que nous n’avons pas vu le temps défiler. Allez, hop, changeons d’ambiance et partons pour Java, à la découverte des volcans ! Une belle expérience nous attend encore, c’est sûr !
Road trip à Bali (cliquez sur une photo pour agrandir)