Après notre petit séjour dans le centre du Vietnam, nous avons filé tout au sud, vers le Delta du Mekong. Pour éviter de passer trop de temps sur la route, nous avons opté pour l’avion qui permettait de rallier Can Tho en 1h30.
Nous avons passé 2 nuits dans une maison d’hôtes dont le propriétaire, Fredo, un Vietnamien de 65 ayant longuement vécu et travaillé en France, était très… spécial. Désormais installé au Vietnam, il propose des tours « hors des sentiers battus » dans le Delta du Mekong. C’est ce qui nous avait attiré chez lui. Mais à notre arrivée, nous avons été surpris par le personnage ! On dira qu’il manque un peu d’humilité
Beau parleur, il semblait habitué à être entouré d’une cour de voyageurs trentenaires, totalement admiratifs et bouche bée devant toutes ses histoires. Quand il nous a vus, il a un peu fait la tête. Une famille avec des enfants et une « mamie », bof, pas trop son truc. Alors, il a tenté par tous les moyens de nous dissuader de faire un tour avec lui. « Vous allez être trop fatigués ! Vous ne pourrez pas suivre le rythme ! C’est très physique comme tour ! ». On a dû discuter un bon moment avec lui et lui expliquer que nous avions l’habitude de marcher. Alors, finalement, il nous a proposé de partir le lendemain avec Lihn, sa fille de 25 ans. Pas plus mal pour nous, vu le bonhomme
Le confort de la maison d’hôtes était vraiment sommaire, malgré les prix pratiqués par Fredo (on sentait bien qu’il avait vécu en France!). Nous étions tous les 5 dans une chambre de 10m2 avec des lits aux matelas aussi durs que du bois. Les pires jamais testés depuis le début de notre grand voyage. Même chez Papi Hmong on avait mieux dormi Heureusement, notre tour dans le Delta du Mekong a rattrapé tout ça, car nous avons vraiment passé un vrai bon moment.
Levés à 5h, nous sommes partis en taxi avec Linh vers un petit village à 30 minutes de route de Can Tho. Là, une dame nous attendait à bord de sa barque pour un circuit pas comme les autres.
Nous sommes partis au lever du soleil vers un tout petit marché flottant local qui se tient chaque jour de 4h30 à 8h. Les paysans de la région y viennent en bateau pour vendre « en gros » leurs fruits et légumes aux détaillants des marchés. Nous avons assisté à ce bal de petites barques totalement dépaysant. C’était un peu fou d’être là, dans un marché flottant, aux aurores, sur le Delta du Mekong !
Les femmes s’activaient à bord de leur embarcation : elles triaient les fruits et les légumes, les classaient par calibre, négociaient dur, préparaient la marchandise vendue… Et pendant ce temps, les hommes… mangeaient tranquillement des nouilles à l’arrière du bateau !!!
Nous sommes ensuite partis vers le marché terrestre. On a arpenté les étroites allées avec Linh qui nous a fait découvrir tout un tas de fruits exotiques dont on ne connaissait même pas le nom : des pommes au lait, des pommes « cannelle », des jaquiers, et tant d’autres encore. Il y avait aussi des aliments peu en vogue chez nous : anguilles, crapauds, poissons chats, mais aussi souris (voir photo) et serpents !
Puis Lihn a retenu Charles par le bras en demandant au reste de la troupe de sortir d’une allée. Et au bout de quelques minutes, surprise : Charles est arrivé avec un serpent vivant entre les mains !!! Un serpent pas du tout dangereux soit-disant, mais tout le monde n’a pas osé prendre la bestiole dans les bras, voire même y toucher
Après les marchés, nous avons avalé un grand bol de nouilles en guise de petit déjeuner, puis nous sommes repartis à bord de notre barque. On a navigué un long moment sur les canaux, s’arrêtant régulièrement sur notre chemin pour découvrir un peu la vie du Delta.
Nous sommes par exemple descendus chez une famille qui détenait une grosse machine, qui, dans un grand brouhaha, secouait les grains de riz bruts sur plusieurs tapis afin de les séparer de leur enveloppe. On est resté un moment à observer attentivement toutes les étapes nécessaire pour que les jolis grains blancs apparaissent enfin.
Nous avons aussi fait une petite balade à pied dans la campagne, le long d’un canal. On a découvert des habitations très simples, au confort vraiment sommaire. Les villageois étaient très souriants et venaient nous saluer. Ils étaient souvent curieux et posaient des questions à Lihn qui nous a expliqué qu’ils ne comprenaient pas très bien « qui était qui » dans notre famille de 5 personnes. Cathy était trop jeune pour être une grand-mère. C’est donc tout naturellement qu’ils pensaient qu’elle était en couple avec Charles et qu’ils avaient 2 garçons. Et une très grande fille. On a beaucoup ri et la gent féminine a apprécié d’être ainsi rajeunie. Trop sympas ces villageois : -)
Lihn souhaitait que nous rendions visite à un couple de personnes âgées qu’elle connaissait. A notre arrivée, la toute frêle mamie a pris Arsène dans ses bras… et lui a tâté l’entrejambe ! On était très gêné, alors on l’a écartée gentiment du pauvre Arsène, tout surpris. On a dit à Lihn que cette coutume n’était pas du tout de mise chez nous et que c’était un geste assez déplacé. Un petit choc culturel. Elle était très étonnée. C’était juste pour vérifier si Arsène était un garçon et qu’il était en bonne santé. Ben du coup, Charles et Hippolyte ont préféré faire un coucou de la main, au risque d’être impolis
D’autres surprises nous attendaient encore sur le chemin. Comme ce pont en bambou nécessitant un équilibre parfait. Ou ces toilettes en plein air, consistant en une simple installation au dessus d’un bassin dans lequel… nageaient des poissons. Lihn nous a expliqué que c’était très astucieux car cela permettait de les nourrir. Oui, oui de les nourrir. Avec les excréments humains. Les poissons sont ensuite vendus au marché. Puis se retrouvent dans les assiettes. Bon, ben même après des mois de voyage, on a trouvé ça déroutant… ou dégoûtant! Et surtout, on n’a plus osé manger de poisson dans la région
Nous avons ensuite repris place à bord de notre barque pour naviguer dans des canaux superbes, au milieu d’une végétation luxuriante. Un décor tellement différent de tous ceux traversés au Vietnam jusqu’alors. Avec la chaleur et l’humidité, tout pousse dans le Delta du Mekong. Il y a même jusqu’à 3 récoltes de riz par an contre une seulement une dans le Nord. Et les fruits tropicaux sont très nombreux. Lihn nous en a fait goûter un bel échantillon. Des saveurs inconnues et des textures inattendues !
Notre rameuse nous a ensuite proposé de prendre le relais. C’est avec plaisir que nous lui avons permis de faire une petite pause. Pas évident de mener l’embarcation ! Les rames étaient lourdes, il faisait très chaud et l’eau n’était pas toujours très profonde. Mais on s’est bien amusé
Puis nous avons visité un autre village dans lequel vivait une famille qui mettait en pot de petites pousses de légumes, revendues ensuite au marché. Et pour terminer, cette belle matinée riches en découvertes, nous avons fait halte dans un « bar » local où nous avons testé une boisson très rafraîchissante à base de canne à sucre et jus de mini-agrumes très acides. Un délice !
Nous sommes rentrés vers 13h à Can Tho, enchantés de notre excursion sur le Delta du Mekong. On se demande encore pourquoi Fredo nous disait que c’était trop physique pour nous… Peut-être parce qu’on a marché une heure ou deux. Une heure ou deux, c’est peut-être un détail pour nous, mais pour lui ça veut dire beaucoup ? Ca restera un mystère… Sacré Fredo.
Le soir, on a découvert avec amusement la vie nocturne de Can Tho. Des éclairages roses et verts pour illuminer la rue principale, des jeunes qui s’adonnaient au plaisir du roller sur la place, et un manège très rigolo avec montures en ferraille que les garçons ont eu plaisir à enfourcher!
Allez hop, en route pour notre dernière étape vietnamienne. Retour à la ville après nos aventures rurales : direction la très grande Ho Chi Min Ville !
Can Tho – Delta du Mekong (cliquez sur une photo pour agrandir)