Bromo

Nous avons quitté nos 2 mineurs du Kawah Ijen, Chunk et Paing à la gare de Banyuwangi tôt le matin pour attraper un train en direction de Probolinggo. Comme c’est une période de vacances très chargée en Indonésie, il n’y avait plus de place disponible dans la catégorie économique. On a donc voyagé pendant 4h30 en classe « Bisnis », Bromo - vignette 1confortablement installés sur de petites banquettes, avec passages réguliers d’une hôtesse tout de bleu vêtue, poussant un caddie (oui, un vraie caddie de supermarché!) remplis de boissons et trucs à grignoter. On adore le train indonésien !

Arrivés à la gare de Probolinggo, nous avons sauté dans un bemo (mini-bus qui fait office de taxi collectif) jusqu’à la gare routière. On avait lu dans différents blogs de voyage qu’un mini-van partait une fois plein (15 personnes) jusqu’au petit village situé près du volcan Bromo. On savait que l’attente pourrait être longue car les touristes ont généralement recours à un tour organisé pour visiter le Bromo et très peu s’y rendent par leurs propres moyens… Mais énorme coup de chance pour nous, car nous sommes tombés à pic : il y avait déjà 12 personnes dans le mini-bus et avec nous 4 (les enfants ne prennent qu’une demie place), on était au complet pour partir immédiatement. Coup de bol, vraiment, surtout que l’on a appris que certains patientaient depuis plus de 7h…

Bromo - vignette 2Après 1h30 sur une route sinueuse, nous sommes arrivés dans le petit village de Cemoro Lawang, tout près du volcan. Nous n’avions pas réservé d’hébergement à l’avance car sur le web, tous les hôtels étaient hors de prix pour un confort extrêmement sommaire. Haute saison oblige. On s’est dit qu’on tenterait notre chance en trouvant sur place une chambre chez l’habitant. Et là encore nous avons beaucoup de chance (on aurait peut-être dû jouer au loto ce jour-là ;-) ). On a dégoté, grâce au jeune chauffeur de bemo très rigolo, une chambre avec eau chaude et wifi pour une somme dérisoire. Bon c’était pas très propre, mais c’était parfait pour nos 2 nuits. D’autant qu’il y avait juste en face un petit warung très familial qui proposait du riz frit au poulet et des nouilles sautées pour 1€. Parfait comme cantine !

Bromo - vignette 3On s’est donc installé tranquillement à Cemoro Lawang, un petit village situé au bord d’une falaise surplombant la caldeira, ce grand cratère de plus de 10km de diamètre, qui abrite plusieurs grands volcans, dont la star des stars : le Bromo. On a beaucoup aimé l’ambiance montagnarde de Cemoro Lawang. L’air frais lorsque le soleil disparaît après avoir bien chauffé, les sommets embrumés à perte de vue, les champs tout autour, les hommes qui se baladent à cheval… Il ne manquait plus qu’une bonne tartiflette :-)

Pour prendre notre temps, nous sommes restés 2 jours et 2 nuits pour visiter le Bromo. Les tours organisés ont un programme beaucoup plus condensé puisqu’ils ne proposent qu’une nuit suivie d’une matinée pour découvrir le lieu : départ à 3h du matin en jeep pour assister au lever du soleil sur le Bromo depuis un point de vue, puis descente, toujours en jeep, dans la caldeira et montée jusqu’au sommet du cratère pour entendre le volcan gronder de près. Retour à 9h au village et départ pour la destination suivante. Nous, on n’avait pas trop envie de courir et on voulait vraiment profiter du lieu. On a donc « étalé » le programme sur 2 matinées et décidé de découvrir tout ça à pied. Et franchement, l’endroit était tellement beau et agréable, qu’il aurait été dommage de s’en priver.

Après avoir dîné dans notre petite cantine avec un couple de jeunes Suisses que nous avions rencontré dans le mini-van, nous sommes partis nous coucher de bonne heure, histoire de recharger un peu nos batteries pour les 2 jours à venir.

A 3h du matin, on entendait déjà le bruit assourdissant des moteurs de jeeps chargées de touristes qui vrombissaient dans la rue. Pour éviter la foule, on a préféré partir à pied à la découverte du cratère, vers 9h, une fois que les très nombreux tours auraient quitté les lieux. Ce matin-là, le temps était superbe. On a emprunté un petit sentier qui descendait vers la caldeira, tout excités d’aller à la rencontre du Bromo. Bromo - vignette 4Une rando très particulière car on marchait dans une épaisse couche de cendre grise. Eh oui, car le Bromo entre régulièrement en éruption ! La végétation a rapidement disparu pour laisser place à un décor totalement lunaire. Une sensation nette d’entrer dans un parc de volcans encore actifs.

Sur le chemin, nous avons croisé de nombreux cavaliers qui nous proposaient de nous accompagner à chevBromo - vignette 5al jusqu’à l base du volcan. Apparemment les touristes qui viennent ici n’ont pas l’habitude de marcher ! Nous, on a préféré continuer à pied. Mais tous ces chevaux, ça donnait un petit côté far-west rigolo.

Plus on s’approchait du Bromo, plus la couche de cendre au sol s’épaississait. Rapidement, le terrain est devenu très accidenté : nombreuses failles et petits canyons composaient alors le paysage. Puis on a commeBromo - vignette 6ncé à sentir sous nos pieds la pente du volcan façonnée par la lave. Un terrain de jeux rêvé pour les garçons. Ils ont couru à en perdre haleine dans ce décor des plus surprenants.

Au pied du cratère, une volée de plus de 200 marches bien raides nous attendaient. La cendre avait presque effacée certaines marches. Quand nous sommes parvenus au sommet, on s’est tu. Plus un bruit. Impressionnés par le bruit sourd dBromo - vignette 7u volcan. La fumée s’échappait en colonne, tantôt blanche, tantôt noire. Parfois même un petit jet de pierres sombres. Le volcan grondait. Il grondait même très fort. C’était saisissant. On n’osait à peine bouger. Les garçons n’étaient pas très rassurés.

On a marché le long du large cratère, jetant un œil mi-curieux mi-inquiet vers le fond. Un cratère large de 800m, d’une profondeur de 200m vibrait juste sous nos pieds. On avançait à pas de loup, comme pour observer un dangereux dragon qu’on ne voudrait surtout pas réveillBromo - vignette 8er. On a fait quelques photos, comme ça, sans trop parler. Les garçons serraient fort nos mains. Ils s’interrogeaient sur les éruptions qui pourraient survenir. Mais sait-on vraiment quand ce monstre, qui pourtant nous attire, s’éveillera à nouveau ? On leur a dit de ne pas s’inquiéter, qu’aucune activité inhabituelle n’avait été perçue ces derniers jours, sinon, le parc aurait fermé, comme cela s’était produit quelques semaines auparavant pour causes de petites éruptions.

On est resté une petite heure en haut du cratère. Il n’y avait plus grand monde. Tous les touristes et les jeeps avBromo - vignette 9aient quitté les lieux depuis longtemps. On s’est arrêté devant le petit autel avec sa statue de Ganesh et ses offrandes de pommes de terre déposées dans une feuille de bananier. Ca nous a amusé. Et on espérait secrètement que cela calmerait la bête…

Le lendemain, on s’est levé à 3h pour partir à pied, dans la nuit, pour une randonnée de 1h30 jusqu’à un point de vue réputé pour le lever de soleil sur la caldBromo - vignette 10eira. Cette nuit-là le ciel scintillait d’étoiles. On distinguait parfaitement la voie lactée juste au-dessus des volcans. C’était superbe. Et puis, contrairement à ce que l’on avait imaginé, il ne faisait pas trop froid. Dans la plaine, on voyait déjà le ballet des jeeps qui accompagnaient les touristes. Un petit air de Mad Max.

Nous avons choisi d’assister au lever du soleil depuis King Kong Hill. Ce n’est pas le point de vue le plus haut, mais comme il n’est accessible qu’à pied, il nous a offert une plus grande tranquillité, loin des nombreux touristes montés en voiture. Le début du chemin était très facile. Nous avons suivi une route goudronnée qui montait tranquillement. Puis, arrivés au premier point de vue, on s’est enfoncé dans la forêt, nos lampes frontales vissées sur la tête, pour emprunter un tout petit sentier bien escarpé qui grimpait fort. Drôle de sensation de ne voir le chemin qu’autour du halo de nos petites lumières !

Quand nous sommes arrivés à King Kong Hill, plusieurs randonneurs étaient déjà installés. Nous étions juste à l’heure pour le début d’un Bromo - vignette 11spectacle inoubliable. Le ciel, d’un coup, s’est embrasé. La lumière bleue nuit a laissé place à un magnifique dégradé de rouge et d’orange. Les volcans au loin commençaient à se dessiner. On a trouvé ça merveilleux.

Puis le jour s’est levé sur la caldeira pour laisser apparaître le Bromo et les volcans qui lui tiennent compagnie, drapés d’un voile rosé. On Bromo - vignette 12apercevait au loin le Semeru, plus haut volcan de Java. Un des plus actifs aussi. Le Bromo se réveillait doucement ; il ne laissait échapper qu’un peu de fumée. On est resté plus d’une heure, plantés là, bouche bée devant ce spectacle sublime. Un jeune couple voyageant un an en Asie était là aussi. On a discuté avec eux. On était ébahi par un tel paysage.

On est redescendu tBromo - vignette 13ranquillement par le même chemin, qui a révélé, à la lumière du jour, un décor superbe. Les volcans nimbés de brume, au loin. Un peu plus bas, près du village de Cemoro Lawang, de nombreux champs aux légumes bien alignés. Malgré l’heure matinale, les paysans étaient déjà au travail. Et à notre passage tous souriaient en nous saluant.

Tout juste le temps de prendre, dans notre petite cantine, un dernier thé et un riz sauté au poulet en guise de petit-déjeuner, et nous sautions, de si belles images ancrées à jamais dans nos mémoires, dans un mini-van, en direction de la gare ferroviaire de Probolinggo. Allez zioup, retour en ville maintenant. Partons découvrir Jogyakarta ! On espère qu’il y aura encore l’hôtesse au caddie dans le train ;-)

A l’heure où nous écrivons cet article, nous apprenons que le Bromo est entré en éruption le 11 juillet, soit 5 jours après notre passage. Peut-être pour cela qu’il grondait si fort quand nous y étions…

Bromo (cliquez sur une photo pour agrandir)

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