Après la boucle au sud de Salta, nous avons filé vers le nord, dans la province de Jujuy (prononcez « rourouille ») pour 6 jours.
Un peu plus touristique que sur la boucle sud (toute proportion gardée), nous avons cherché à sortir des sentiers battus et sommes tombés complètement sous le charme des paysages grandioses que nous avons traversés. Espaces immenses et quasi-désertiques, couleurs inattendues des montagnes. De vrais décors de films !
Et puis au nord de Salta, la musique bat son plein tous les soirs et l’ambiance est à la fête dans les petits restos et sur les places des villages. Nous avons assisté au retour de la flûte de pan pour le plus grand bonheur d’Arsène Le Pérou et la Bolivie n’étaient pas loin ; on sentait bien les fortes influences andines dans la puna Argentine. Beaucoup de musique traditionnelle, dont l’entêtante « Viva Jujuy » (qu’on vous co
nseille vivement d’écouter pour vous mettre dans le bain en lisant cet article – vous la trouverez facilement sur le web – mais on vous prévient, ensuite elle reste en tête pendant des semaines
).
On a débuté notre road trip en montant tout au nord de la province de Jujuy. Nous avons passé 3 nuits dans le petit village d’Humahuaca, assez authentique : des maisons en pisé, des routes en terre, une église d’un blanc éclatant, une place du village bien animée en soirée (nous nous souviendrons longtemps du « gala des talents » et des petites mamies venues pousser la chansonnettes avec leur tambourin, qui ne voulaient plus partir tellement elles aimaient « la scène », pour le plus grand embarras du maître de cérémonie
).
Comme on voulait se balader dans la nature, on a garé notre voiture à Uquia, près du cimetière, à quelques kilomètres au sud d’Humahuaca et on est parti marcher, dans une chaleur écrasante, vers la « quebrada de las señoritas ». Pas de chemin balisé là non plus. Alors on a tantôt suivi le lit d’une rivière asséchée, tantôt foulé la terre couleur paprika, entre broussailles et cactus. Nous sommes alors arrivés dans un décor digne du far west : de hautes formations rocheuses, magnifiquement sculptées par l’érosion, dont le rouge vif tranchait admirablement avec le bleu du ciel. On se serait cru dans un film de Sergio Leone ou dans « Indiana Jones et la dernière croisade ». Tout cela a bien inspiré les garçons qui s’en sont donné à cœur joie en se cachant dans les rochers, guettant l’ennemi qui arriverait à cheval
Puis, après quelques heures d’efforts et plusieurs litres d’eau, nous sommes tombés face à un paysage incroyable : des montagnes aux couleurs improbables. Des monts déchiquetés se dressaient devant nous, habillés de noir, violet, rose et rouge. Nous n’avions jamais vu ça !
Puis, pour continuer dans la découverte des montagnes aux couleurs étonnantes, nous sommes allés à Hornocal, sur les conseils d’une voyageuse rencontrée à Rio. L’endroit n’est pas encore très touristique et la route n’est pas facile à trouver. Les guides du coin tentent de la garder secrète pour pouvoir y conduire les touristes ; les quelques panneaux indicateurs ont même été sabotés !
Après une bonne heure de piste sinueuse jonchée de cailloux, culminant à 4350m d’altitude, on est arrivé sur ce site préservé, dont une petite pancarte indiquait « la montagne aux 14 couleurs » (dans des forums de voyageurs, certains parlaient même de 27 couleurs ; l’inflation est aussi passée par là on dirait
). Une voiture seulement sur le « parking ». Un silence profond et la beauté du paysage. La montagne d’Hornocal, immense, aux dents ressemblant à de la « pâte d’amande » aux tons de jaune, vert pâle, rose tendre, mauve… Chacun trouvera ses 14 couleurs dans les dégradés qui s’offrent à lui. Une fin d’après-midi au sommet, dans le vent glacial des hauteurs de la puna, assis dans l’herbe sèche à contempler ce spectacle hors du commun.
Nous avons ensuite repris la voiture pour rejoindre Tilcara, plus au sud, où nous sommes restés 2 nuits. Sur la route, petite leçon de géographie improvisée pour les garçons car on était sur le Tropique du Capricorne !
Nous avons fait un petit tour à Purmamarca, le village très touristique du coin. On s’est baladé dans le marché d’artisanat, et aussi un peu dans la montagne juste derrière le cimetière, pour voir la « montagne aux 7 couleurs ».
Le lendemain, la journée aux Salinas Grande nous a offert un tout autre décor. Après 1h30 de route serpentant dans la montagne, avec un col à 4200m, et pour seuls habitants nos amis les vigognes, nous sommes arrivés au plus grand désert de sel d’Argentine. Pour rejoindre en voiture les bassins de sel situés à 5km du parking, obligation de prendre un guide. On a préféré partir à pied pour ces 10 km aller-retour. Le soleil était au zénith et la réverbération à son comble. C’est sous une chaleur accablante que nous sommes partis fouler le sol de sel craquelé de cet immense lac asséché en surface.
Une grande balade de 3h, en comptant les très nombreux arrêts pour jouer dans les trous d’eau (eh oui, sous l’épaisse couche de sel, il y avait de l’eau!) et, bien sûr, pour faire tout un tas de photos (réalisées sans trucage
). Journée mémorable pour tous. Une très chouette expérience.
Sur le chemin du retour, nous avons déjeuné dans l’unique resto situé sur la route. Au milieu de nulle part. Le sol était en terre à l’intérieur. Et, contre toute attente, nous y avons dévoré les meilleures empanadas de la région !
Nous sommes ensuite rentrés à Salta, pour une nuit, super contents de notre road trip. Allez, hop, finis la puna, les vigognes, les cactus et la flûte de pan, un petit avion pour Buenos Aires, pour un court séjour à la capitale !